Cet article a trainé pendant un certain temps dans le coin de mon cerveau, avant de se réfugier au milieu des nombreux brouillons de mon blog. Mais je suis désormais prête à l'écrire, ayant maintenant un certain recul. Je souhaitais initialement vous parler uniquement de mon (premier) arrêt de la pilule, puis de consacrer un article sur mon arrêt progressif ... Mais finalement, j'ai eu envie de vous parler de tout, d'un coup. Et j'ai été très volubile !
J'écris ainsi cet article pour partager avec vous, avec celles qui en ont besoin, un témoignage, une expérience sur ce passage que beaucoup d'entre nous - et pour diverses raisons : santé, envie de bébé ... - sont obligées de vivre un jour : la prise, puis l'arrêt de la pilule. Je vous raconte mon vécu avec la pilule pendant plusieurs années, et comment j'ai réussi à m'en débarrasser. Pour certaines, sans pour autant dire la plupart, arrêter la pilule est tout à fait annodin, sans grande conséquence. Mais pour d'autres comme moi, c'est un passage dur à vivre, suivi de quelques complications ... Et trouver d'autres témoignages à l'époque sur les blogs, a été un grand réconfort et un grand soutien dans l'épreuve que je traversais (et cela a été une impulsion à créer le mien).
Je l'écris aussi pour vous montrer qu'il faut garder espoir lorsque l'on subit de plein fouet les effets secondaires de la pilule, à la fois merveille de la liberté sexuelle chez la femme et piège hormonal monstrueux.
La Les pilules & moi
Pour replacer le tout dans le contexte, commençons par le commencement : à 16 ans, premier ("vrai") petit copain et également premier rendez vous chez le gynécologue (notamment pour une prescription de pilule).
Armée de mes résultats de prise de sang, destinés à aiguiller le spécialiste quant au choix de la pilule, je me suis rendue chez une praticienne, bien trop timide pour accepter d'être suivie par un spécialiste masculin sur ce plan là. Malheur m'en pris ... Depuis, je préfère être suivie par un homme.
Outre certains autres détails de mon contrôle médical physique que j'ai trouvés barbares, j'ai été choquée de constater qu'elle m'avait prescrit Leelo Gé, une pilule microdosée "parce que vous êtes jeune, ça ira", sans prendre en compte mes analyses de sang (elle n'a pas daigné les regarder) Ah. A l'époque, sans connaitre quoi que ce soit aux types de pilules, j'ai eu un mauvais pressentiment, que j'ai laissé de côté ... Après tout, je n'avais que 16 ans et une confiance naturellement aveugle envers le corps médical.
Malchance ou pas, au bout de 4 mois, ce fut un enfer. J'ai pris du poids, fait énormément de rétention d'eau, pris 3 bonnets de poitrine, étais fatiguée et avais constamment des bouffées de chaleur. Je ne me sentais bien ni moralement ni physiquement. Perdue et ne sachant vers quel gynécologue me tourner, j'ai décidé de consulter mon médecin généraliste, en qui j'ai une entière confiance. Il m'a examinée, ainsi que mes nouveaux résultats de prise de sang et m'a alors proposé une nouvelle pilule, Cérazette, à prendre en continu.
Très rapidement, tout est rentré dans l'ordre, j'ai en quelque sorte dégonflée, le moral revenait et l'avantage (pour moi), c'est que cette prise continue provoquait une aménorrhée (absence de règles). 5 mois plus tard, retour du boomerang : je commence à avoir des maux de ventre, de minis hémorragies quotidiennes de plus en plus fortes et à ne plus me sentir bien dans ma peau.
J'ai finalement trouvé un nouveau gynécologue, très compétent qui m'a alors prescrit Jasmine. La pilule me convenait enfin parfaitement, je n'avais pas d'effets secondaires dramatiques, juste un peu de poids et un peu plus de rétention d'eau (j'ai dû toutefois aller faire des séances de pressothérapie chez le kinésithérapeute pendant un été entier, puis porter des collants de contention).
Le premier arrêt & l'effet rebond
Redevenue célibataire 3 ans plus tard, mon gynécologue me conseilla de faire une pause hormonale et d'arrêter ma pilule. J'y ai réfléchi un peu et cela me paraissait cohérent, notamment avec le scandale des pilules 3è génération en fond. Je prenais la pilule dans une optique de "confort" puisque j'étais dans une relation sérieuse et non à cause d'acné par exemple.
J'ai donc décidé de finir mes plaquettes restantes et ai arrêté enfin de la prendre, du jour au lendemain. Tout allait très bien, j'étais franchement contente de ne plus me stresser en me demandant si je l'avais bien prise le soir ou non, etc.
Trois semaines plus tard, j'ai eu un petit bouton sur la joue et un autre sur le front. Je ne me suis pas inquiétée, j'en ai toujours eu un ou deux ponctuellement, comme tout le monde.
Mais très rapidement, j'en eu d'autres. Jusqu'au jour où je me suis levée un matin en prenant en horreur le spectacle dans le miroir : j'avais des boutons partout sur la figure, du front au menton en passant par les joues. Des micro-kystes rouges, sous cutanés, inflammés ... Bref, j'en suis arrivée rapidement à la conclusion que j'avais de l'acné. A 21 ans. Pour la première fois de ma vie.
N'ayant jamais mis de fond de teint jusque là, ce dernier est devenu mon meilleur ami. Je ne savais plus quoi faire. J'ai dépensé une fortune en fond de teint / poudre matifiante / soins, passé des heures entières à écumer Internet à la recherche de témoignages sur des forums, des solutions, que j'ai presque toutes testées.
Je trouvais mon sort déjà assez pénible, lorsque j'ai remarqué que je perdais mes cheveux par poignée, dès que je me douchais, me les brossais ou passais tout simplement ma main dedans.
La (re)prise de pilule
À rester enfermée, à psychoter et déprimer, j'ai continué à passer mon temps sur internet. En 2013, il n'y avait pas encore autant de blogs que maintenant traitant de ce sujet personnel, avec des témoignages complets et des solutions "concrètes". C'est toutefois à partir de là que j'ai commencé à découvrir les remèdes et soins naturels pour ma peau et mes cheveux, délaissant les soins et maquillage du supermarché.
Je suis également tombée sur un article intéressant sur le blog Acerola, parlant de son expérience avec les pilules, ses solutions face aux effets indésirables et son sevrage de la la pilule.
J'étais totalement perdue, déprimée. Je n'osais plus sortir de chez moi, je me sentais hideuse. J'en étais arrivée à perdre ma confiance en moi, je n'osais plus regarder les gens dans les yeux, pensant inconsciemment que de cette façon, il ne verrait pas mon visage que je trouvais défiguré.
Mon entourage n'avait pas l'air de comprendre à quel point cette situation m'affectait. Pas plus que les dermatologues que je consultais, uniquement bons à me prendre un gros chèque à la fin de la consultation.
J'évitais souvent de sortir, pour ne pas être regardée mais également pour essayer de laisser ma peau respirer, en espérant de façon illogique qu'avec une journée de répit, tout serait parti le lendemain. Je ne voulais plus toucher à mes cheveux, ne les brossais quasiment plus, espaçais de plus en plus les shampooings, car la seule vue de ces poignées perdues dans le siphon de la douche, me désespérait. J'ai également commencé à les compter un par un pour savoir combien j'en avais perdue, pour voir si cela correspondait à la moyenne, constamment dans la peur de devenir chauve ... En résumé, j'étais dans un état psychologique chaotique, obsédée par mon visage et mes cheveux. Je suis restée comme ça 7 mois et je ne pouvais plus le supporter.
Je suis retournée voir mon médecin généraliste qui m'a fait faire des tests : mon corps déconnait et produisait trop de testostérone, ce qui expliquait mon acné et ma chute anormale de cheveux. Il m'a prescrit la pilule Diane 35 qui venait tout juste d'être remise à la vente.
L'arrêt progressif / Le sevrage
Dès que j'ai commencé la prise de Diane 35, tout est vite (logiquement) rentré dans l'ordre. Mes micro-kystes ont disparu et ma chute de cheveux a diminué (mais ne s'est toutefois pas arrêté). Même si j'étais soulagée, j'étais toutefois écoeurée de constater que j'étais tombée dans un cercle vicieux, un piège dont je ne verrai sans doute jamais la fin. De plus, je devenais de plus en plus irritable, fatiguée, déprimée (en dépit de mon soulagement) et avais des accès de colère très fréquents, ce qui était très dur à supporter - notamment pour mon copain.
L'article d'Acérola lu quelques mois auparavant me trottait dans la tête. Je me suis renseignée un peu plus sur ma pilule; Une vraie drogue pour le corps contenant des inhibiteurs de libido, que l'on donne en général aux
délinquants sexuels lors d'une castration chimique (et à ce sujet je vous invite vivement à lire
l'explication très complète du "pourquoi comment" sur le blog d'Acérola).
J'étais de plus en plus certaine de vouloir m'en débarrasser le plus vite possible, sans choquer mon corps. Le sevrage me paraissait être la meilleure (et unique) solution, ma dernière chance. Vu la façon dont j'avais réagi à Jasmine, je n'osais imaginer l'ampleur de l'effet rebond après Diane 35, une pilule plus puissante. J'ai appelé mon gynécologue pour lui en parler. Il a failli me raccrocher au nez - "On n'arrête pas une pilule progressivement, on n'a jamais vu ça. Vous l'arrêtez d'un coup, point barre". Même si j'étais quand même déterminée à le faire, je voulais trouver un soutien dans le corps médical. J'en ai parlé à mon médecin généraliste en lui expliquant le raisonnement et après une hésitation, il m'a finalement dit qu'il trouvait cela logique, les personne drogués se sèvrent, autrement, le choc de l'arrêt est désastreux et des effets secondaires liés au manque apparaissent. Et c'est ce qu'il se passe lorsque l'on arrête la pilule, l'effet rebond peut être considéré en quelque sorte comme un effet lié au manque d'hormones.
J'ai opté pour un sevrage sur 4 mois, ayant environ 5 ans complet de prise de pilule. L'arrêt progressif était donc simple : pendant 4 mois je découpais ma pilule, et prenais des doses plus réduites. Le 1er mois, j'ai pris les 3/4 de la pilule, le deuxième et le troisième, 1/2 et enfin, au quatrième 1/4. Pour ce faire, je me suis procurée une petite planche à découper et un cutter, uniquement dédié à cet usage, afin de ne pas "infecter" d'hormones de synthèse, des objets dont mon copain et moi nous servions pour la cuisine ou autre. Je mettais au fur et à mesure mes petits bouts de pilule dans un sachet plastique à zip.
Le sevrage s'est très bien passé (toutefois, nous ne sommes protégées par la pilule) et j'ai commencé à avoir quelques petits boutons sans gravité au bout du deuxième mois, mais l'acné n'est pas réapparu et mes règles sont très rapidement (re)devenues régulières. J'étais aux anges ! La chute de cheveux est restée la même et c'était devenu ma bête noire. Toutefois, à force de patience et de soins naturels, j'ai pu diminuer la chute progressivement. Concernant ma nouvelle contraception, j'ai opté pour un stérilet en cuivre, dont je suis aujourd'hui pleinement satisfaite !
Et maintenant ?
En regardant mon parcours avec la pilule, tout avait déjà mal commencé ... Cette contraception m'a rendue service mais j'étais mal informée sur les risques, que l'on a
tendance à minimiser. Les effets rebonds de la pilule ne sont pas graves sur le papier - on ne meurt pas de l'acné, ni d'une perte de cheveux - mais sont très
difficiles à vivre, surtout lorsque l'on est jeune adulte, voire même adulte, notamment en étant une femme. Le problème, c'est qu'ils sont totalement
minimisés par les médecins, voire absolument inexistants.
Cela fait aujourd'hui
18 mois que j'ai arrêté la pilule et je me sens vraiment bien, heureuse de savoir que mon corps se gère seul. Lorsque je prends du poids, que j'ai un bouton etc, je sais que la cause est en quelque sorte "naturelle", et n'est pas due à une prise d'hormones artificielles dont je n'ai pas vraiment le contrôle.
8 mois après l'arrêt de la pilule, l'acné a refait son apparition mais de façon
beaucoup moins virulente - j'en ai parlé
ici et j'ai réussi à le combattre. Je fais désormais face à
un problème de peau grasse et de points noirs, mais encore une fois, rien à voir avec l'acné "effet rebond" de la première fois et je le vis beaucoup plus facilement. Avec une
routine visage impeccable et l'utilisation de produits de qualité et adéquats, j'arrive à faire face à ce petit désagrément, qui est je pense, beaucoup plus personnel que lié à l'arrêt de la pilule !
J'espère que ce (long) témoignage vous aura permis d'y voir plus clair, d'avoir trouvé du soutien si vous êtes dans une "période de crise" ... N'hésitez pas à partager votre expérience, j'ai très envie d'en discuter avec vous :)
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